Artistes

Pierre-Yves Hélou : né en 1979 à Quimper, vit à Nantes, travaille à Nantes et La Chapelle-Basse-Mer.

Accès à :
Douce errance

Douce errance, 2014Galerie RDV, Nantes

Importe la route

Importe la route, 2012Route du Mont Lozère, Parc National des Cévennes

Qui peut le plus, peut le …

Qui peut le plus, peut le …, 2013Zelarrayan, International Domestic Exhibitions by Affinity, Rennes

Expositions personnelles

2016

  • «Edmond Everest», galerie librairie d’art itinérante Edmond multiples et éditions, Saint-Nazaire

2014

  • «Douce errance», galerie RDV, Nantes

2013

  • «Qui peut le plus, peut le ...», IDEA Zelarrayan, Rennes

Expositions collectives

2021

  • «Cueillir des étoiles», Nouvelles acquisitions de la collection artdelivery, Nantes

2020

  • «Territoires-édition-photographies», commissariat Les PUI, Artothèque Benjamin Rabier, La Roche-sur-Yon

2019

  • «Soyouz 19», commissariat galerie Olivier Meyer, Nantes
  • «Rolling Paper #3», édition Paris-Brest, Le Bal, Paris
  • «L'espace du livre - Territoires - Éditions - Photographies», commissariat Les PUI, VuPhoto, Québec, Canada
  • «L'espace du livre - Territoires - Éditions - Photographies», commissariat Les PUI, ateliers Bonus,Nantes

2018

  • «Plasticus», commissariat Baptiste Debombourg, galerie de l’ ENSAPLV, Paris, http://www.plasticus.fr
  • «Mise en pli #2», édition Paris-Brest, FRAC PACA, Marseille
  • «Multiples #7», commissariat galerie RDV, Nantes

2016

  • «Bonne et due forme», commissariat mutatio, musée d'art de Nantes, http://mutatio.fr/2018/04/18/bonne-et-due-forme
  • «Lamontagne», commissariat LaMontagne, Bruxelles, http://lamontagne.pro
  • «On aura au moins tenu jusque là», commissariat MPVite, Nozay
  • «Pour un éventuel voyage - Carte de Séjour 3», commissariat Yonsoo Kang, Mille-feuilles, Nantes
  • «Slash», commissariat galerie 61, Nantes

2015

  • «Pour un éventuel voyage - Carte de Séjour 1,2», commissariat Yonsoo Kang, galerie GONGDOSA, Séoul, Corée
  • «Burashi no oto, hanma chinmoku», commissariat Mille-feuilles, Nantes

2014

  • «Multiples #5», commissariat galerie RDV, Nantes
  • «Sonitus perterget, silentium malleis», commissariat Mille-feuilles, Nantes
  • «Coupé-décalé», commissariat Edouard Hennion, atelier PoTo product, Marseille
  • «Solidaire», commissariat espace d’art Les salaisons, Romainville
  • «Le village a 20 ans», commissariat David Chevrier, galerie Thébault, Bazouges La Pérouse

2013

  • «Hluku kefy, kladivá ticho», commissariat Mille-feuilles, Nantes

2012

  • «En attendant la fin du monde», atelier de La Villa En Bois, Nantes
  • «Pentzelen zarata mailu isiltasuna», commissariat Mille-feuilles, Nantes
  • «Miracle fighters», commissariat Secon kiss compagnie, Beijing, Chine
  • «Importe la route», commissariat Romain Boulay, Julien Mijangos, Route du Mont Lozère, Parc National des Cévennes
  • «Opening», commissariat Mille-feuilles, Nantes
  • «Art motion», commissariat Béranger Laymond, festival vidéo, St Jean De Luz
  • «Le baiser papillon», commissariat galerie RDV, Château de Goulaine
  • «Mémoire d’éléphant», commissariat Jean-Paul Sidolle, l'atelier, Nantes

2011

  • «R^v horisibles visions», commissariat A.Ternant, A.Sabrier, atelier LeBras, Nantes
  • «Exposition sur table #14», commissariat N.De Angelis, patio Delrue, Nantes
  • «Une proposition», commissariat label hypothèse, MPVite, Kanal 20, Bruxelles
  • «BHGF», l’art prend l’air, Alstom hall 6, Nantes
  • «Que sera sera», commissariat G.Fouchaux, atelier LeBras, Nantes

2010

  • «Adspicere», atelier desgrosbras, Nantes
  • «L’art prend l’air», Alstom hall 6, Nantes

2009

  • «Dasein/Machend», commissariat MPVite, estuaire, Le Pellerin
  • «Fuck Ohh», commissariat We do art, Nantes
  • «L’art prend l’air», Alstom hall 6, Nantes

2008

  • «Monstrous sweet home», welcome home #2, galerie RDV, Nantes
  • «Jacuzzi», Nantes
  • «Exposition d’été», commissariat David Chevrier, galerie Rapinel, Bazouges La Pérouse

2007

  • «Watch your step», commissariat David Michael Clarke, Wharf centre d’art contemporain de Basse Normandie, Hérouville Saint-Clair
  • «Transportable», commissariat S.Bogaert, casa de la cultura, La Paz, Bolivie
  • «Exposition d’automne», commissariat David Chevrier, galerie Rapinel, Bazouges La Pérouse
  • «Strabisme», commissariat J.Calvez, maison Lafontaine, Brest

2006

  • «Cohabitation», espace provisoire, Le Mans
  • «Bonus», école supérieure des beaux arts, Le Mans

2005

  • «Bunt», Stiftung Horizonte, Hannover, Allemagne

Résidences

2012

  • «Importe la route», Route du Mont Lozère, Parc National des Cévennes

Bourses, prix, aides

2019

  • bourse d’aide à la création de la région Pays De La Loire

2005

  • Bourse multimédias de la région pays de la Loire

Publications, diffusions

2019

  • «PLI X», revue PLI numéro 10, http://revuepli.blogspot.com/
  • «POST-POST AVANT-POSTE», journal édition collective à l'initiative de David Michael Clarke, artothèque, Centre culturel de Vitré

2018

  • «Paris-Brest Publishing, un cabinet de curiosité, par Grégory Valton son fondateur», article paru sur L'intervalle, https://lintervalle.blog/2018/11/28/paris-brest-publishing-un-cabinet-de-curiosite-par-gregory-valton-son-fondateur
  • «La peinture, c’est comme les pépites», édition Paris-Brest, http://paris-brest.eu/

2017

  • «éloge de la chute», épisode 14 émission mon oeil, Zarlab, Télénantes

2014

  • «DOUCE ERRANCE», Léo Bioret, Inferno-magazine, http://inferno-magazine.com/2014/11/19/pierre-yves-helou-douce-errance-rdv-nantes/
  • «R_chroniques», Hélène Chéguillaume, http://www.collectifr.fr/chroniques/pierre-yves-helou,-douce-errance

2012

  • «Warf», catalogue des expositions
  • «Mémoire d'éléphants», catalogue collection Mémoire d'éléphant

2009

  • «SM revue d'art N°6», édition Renard Bleu

2005

  • «stalker #8», éditions du caillou

Collections publiques, acquisitions

2020

  • Artothèque, Nantes

Workshops, enseignement

2016

  • conférence, atelier transversal, école supérieure des beaux arts du Mans

Écoles, formations

2006

  • DNSEP, félicitations du jury, école supérieure des beaux arts du Mans

2005

  • programe d'échange Hannover Hochschule fur Bildende kunst

2004

  • DNAP, félicitations du jury, école supérieure des beaux arts du Mans

1998 - 2000

  • BTS maintenance industrielle, Quimper

1998

  • Sciences et Techniques Industrielles mécanique, Quimper

Autres

2015

  • création du duo d’artiste Bordelou avec Adrien Bordeau

2013

  • Gris de mortier, commissariat Pierre-yves Hélou, Non-profit space, Nantes

Ce qu’on voit là où il n’y a pas de raison de le voir :

Du figuratif dans l’abstraction, de l’abstraction dans le figuratif.
Du paysage dans le bâtiment et inversement.
Ce qui m’intéresse dans ce qui ne m’intéresse pas.
Ce contraste inhérent aux choses mêmes, ce qu’elles produisent d’autre qu’elles mêmes.
Dans ce qui rétrécit, il y a ce qui s’agrandit.

La question du point de vue, de l’oeil photographique m’intéresse. Je capte l’instant structurel des choses, inrejouable moment. La photographie comme microcosme du temps.
Les débris, les poussières et les chutes de matériaux me servent pour créer l’espace plus grand que je cherche. Ce qui est petit est secret et vaste.
Si évoquer c’est se projeter, mes paysages me projettent au loin, un ailleurs qui n’est pas ici mais qui est contenu dans ce qui est ici. La poussière, les débris rejoignent les grands espaces, les territoires immenses et inconnus.

Pierre-Yves Hélou

Poutre, tasseau, sciure et miettes

Le chantier est un espace ressource dans lequel Pierre-­Yves Hélou puise la plupart des éléments enrichissant régulièrement sa base de données formelles : pierres et cailloux ; béton, ciment, mortier, sable ; contreplaqué, aggloméré, mélaminé, OSB ; poutre, tasseau, sciure, miettes ; bande armée, adhésifs variés et papiers divers ; plâtre, brique, éponge, mousse, métal, fer à béton, tôle, polystyrène, Formica, carrelage, peinture, enduit, laine de verre, goudron, carton, aluminium, etc. Cette liste – volontairement désorganisée et loin d’être exhaustive – pointe le fait que ces récoltes ne se bornent pas à des matériaux spécifiques.

En matiériste romantique, Pierre-­Yves s’accorde le temps de l’observation de chaque fragment prélevé, dans une double quête : la trace de l’accident, pratiquement toujours présente, donnant à la matière sa nature imparfaite ; et le moment où il détermine l’aptitude de chacun de ces corps accidentés à créer de la géométrie – car c’est bien elle le premier amour de Pierre-­Yves.

En 1981, dans son texte « Géométrie iconoclaste et géométrie accidentée 1 », François Morellet déplorait avec ironie l’impossibilité de représenter la géométrie, avant de donner ses propres solutions permettant de pallier cette lacune. Aujourd’hui, Pierre-­Yves répond à cette problématique à sa manière, se faisant le chantre du « presque-­rien 2 ». Pour une part, sa photographie capte, in situ, l’instantanéité d’un récit géométrique sur le chantier en cours ; d’autre part, il récupère les rebus et autres débris privés d’ouvrage final. Il les emmène dans son atelier, où ils seront archivés à la manière de pièces détachées, ou bien en tas, prêts à l’emploi.

Son atelier est sa cabane, où il joue à construire, déconstruire, reconstruire. Il prend les fragments glanés, les observe, les caresse. Puis il les superpose, les oppose, les assemble. Le tout selon un mode de présentation basé sur l’aléatoire de l’équilibre. Les matières, au-­delà de faire œuvre, éprouvent chacune leurs propres lois objectives par confrontations successives. En parallèle des édifications, Pierre-­Yves scénographie ses petits bouts de chaos, organisant des espaces, à la fois ruines et micropaysages. La fragilité de l’équilibre se manifeste une fois de plus dans ces propositions où le point de vue gagne en importance, tandis que les rapports d’échelles interagissent et s’abolissent tour à tour.

Mais l’atelier reste un lieu d’expérimentations successives, où les suggestions d’assemblages tissent une série de solutions combinatoires. Le véritable modus operandi se dessine au cœur de l’espace d’exposition. Devenant colporteur de son propre musée, c’est à ce moment-­là qu’un grand nombre de choix incombe à l’artiste. Les contraintes – lumières changeantes, public mouvant, murs immobiles, etc. – déplacent les expériences funambules dans l’espace-­temps particulier qu’est le montage de l’exposition. De ces micro/macrocosmes, un motif récurrent se dégage : le portrait d’un paysage. Fait de courbes et de contre-­courbes, il dessine les cimes de montagnes sans orgueil, « un ailleurs paradoxalement contenu dans l’ici 3 ». Omniprésent, ce paysage se décline de manières diverses.

Pierre-­Yves poursuit sa vie comme progresse sa pratique artistique, en équilibre sur la fine pointe de l’instant. Son regard fixe ce modeste rêve d’évasion, lequel s’étire à l’horizontale. Dans une stabilité toujours précaire, il garde le cap, soumettant sa sensibilité aux embûches du temps, lorsque « le temps déborde 4».

« Importe la route », 2013, en haut du mont Lozère.

La photographie s’impose, magistrale. Du chantier, il n’a apporté qu’une bâche « légère et facile à transporter dans un sac à dos 5 ». À cette économie de matière, il adjoint son propre corps, assumant le glissement de sa rhétorique plastique vers un postulat performatif. Les outils sont alors empruntés au contexte, le temps d’une série d’actions où cohabitent sérieux et dérision. Sur l’une des photographies, il apparaît turgescent, en prise directe avec la matière. Totalement encapé de cette fameuse bâche polyéthylène, il oppose sa stabilité à la force du vent.

En voyant cette oeuvre pour la première fois, j’ai tout de suite pensé au Balzac d’Auguste Rodin décrit par Rosalind Krauss, dans son ouvrage Passages. Une histoire de la sculpture de Rodin à Smithson 6. Quelque 115 années après la réalisation de cette sculpture, Pierre-­‐Yves Hélou nous propose un Balzac décapité. L’acte de détermination, la volonté du sujet représenté s’appréhendent non plus par l’élévation de notre regard mais bien par son cheminement horizontal, d’une photo à l’autre. De dos ou en marche, comme un manifestant qui aurait perdu son cortège, il promène son drapeau/bâche translucide comme un objet de revendication poétique et burlesque. Pierre-­Yves affirme – ou plutôt réaffirme – son «être» artiste aujourd’hui.

Plus tard, la bâche quitte le corps. Elle se retrouve alors progressivement livrée à elle-­‐même, finalement soumise au vent. L’étoffe s’envole comme un linceul qu’on abandonne. Dans le silence de la contemplation, il me vient alors l’envie de me projeter dans ce paysage vallonné pour y chanter crescendo et à pleins poumons C’est extra 7.

Pierre-­Yves Hélou poursuit sa route, parfois douce et parfois rance. Braconnier du rebus, flibustier des chantiers, il n’oublie jamais de rapporter un caillou, souvenir de voyage qui viendra augmenter son butin caché. Enfin, il exploite et assume le nouveau tournant s’offrant à sa pratique artistique : la performance et les autoportraits happening. Le corps en chantier.

 

Hélène Cheguillaume
Octobre 2014

 

Hélène Chéguillaume

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¹ François Morellet, Mais comment taire mes commentaires, coll. « Écrits d'artistes », École nationale supérieure des Beaux-­Arts, Paris, 1999, réédition en 2003.
² Vladimir Jankélévitch, Le Je-­‐ne-­‐sais-­‐quoi et le Presque-­‐rien, Éditions du Seuil, Paris, 1981.
³ Pierre-­Yves Hélou, 2013.
⁴ Paul Éluard, 1947.
⁵ Pierre-­Yves Hélou, 2013.
⁶ Rosalind Krauss, Passages. Une histoire de la sculpture de Rodin à Smithson, Éditions Macula, 1997.
⁷ Léo Ferré, 1969.

Pierre-Yves Hélou, en équilibre sur la fine pointe de l'instant.

« Du figuratif dans l’abstraction, de l’abstraction dans le figuratif. Du paysage dans le bâtiment et inversement. Ce qui m’intéresse dans ce qui ne m’intéresse pas. Ce contraste inhérent aux choses mêmes. Ce qu’elles produisent d’autre qu’elles mêmes » ¹.

L’intrigue se dessine dès l’instant où l’on entre dans le lieu d’exposition. Une fois que l’on a traversé le sas de transition : narthex exigu séparant le dehors du dedans.
Pierre-Yves Hélou contrarie l’attitude routinière du visiteur en développant l’espace par le recours à l’obstruction, à la dissimulation partielle.
Les deux parties formant Paravent#3, érigées avec les matériaux de construction des plus triviaux, se dressent respectivement à droite et à gauche de la pièce, comme les fragments d’un rideau pesant lourdement sur le chapitre à venir. C’est sur la fine pointe de cet instant que tout se joue. Dans l’interstice, à la fois vaste et circonscrit, je cherche un premier point d’ancrage visuel.

Et comme une bouée de secours, Douce Errance apparaît, accrochée à droite de ce pronaos. Séductrice par ses motifs immédiatement identifiables, elle a tout d’une peinture classique : précision du dessin, profondeur de l’image, justesse des rapports et contrastes chromatiques. Autant de caractéristiques dignes de la famille académique dite « Grand Genre ».
Mais il s’agit d’une photographie, « un paysage saisit dans l’instantanéité d’un moment » ². A l’approche de l’œuvre, son modelé se dévoile charnel et ses couleurs voluptueuses. J’identifie alors l’impression étrange qui, à distance, m’évoquait Arnold Böcklin.
Suivant son exemple, je fais volte face pour me diriger vers Ascension#10. Paraissant dessiné directement sur le mur tant il s’y fond, l’horizon vallonné cher à l’artiste, darde la marche à suivre.
Me fiant à cette signalétique tranchante, je m’engouffre dans la large faille séparant les modules, aussi monumentaux que précaires, de Paravent #3.

Au cœur de l’exposition, et parmi ces matériaux à l’apparence désincarnée, l’ambiance se fait paradoxalement intimiste. La présence muette de Pierre-Yves raisonne dans le chaos réorganisé en paysages dénués d’arrogance. Les couleurs fades du placo rejoignent les motifs rassurants des tapisseries de nos souvenirs d’enfants.
Puis survient Palissade #2, seule œuvre que Pierre-Yves ait contrainte dans sa forme. En prise directe avec le mur, elle dilate l’espace. Les montagnes se font abruptes et accidentées, suggérant un hors champ, territoire de nos propres projections et scenarii.

Plus loin, la photo-sculpture Répit attire le regard et attise ma curiosité.
Mais qu’est ce que ça fout là. En effet, ma collision contre les fondations d’une architecture laissée in progress vient d’être évitée de justesse. RDV se transforme alors en chambre d’enfant, ce qui m’oblige à reconsidérer mon errance, le nez au vent.

De cette nécessité pragmatique surgit Tout est là, œuvre solidement accrochée à la base du mur. A la fois écrin précieux et boule à neige aussi peu manipulable que transportable. Le cadre transforme un minuscule morceau de réel en la représentation d’un « ailleurs paradoxalement contenu dans l’ici »³ .
Ancrant, pour une part, sa pratique artistique dans un postulat contextuel, Pierre-Yves relève l’épiderme du lieu qui l’accueille, nous invitant à notre tour à lire le bâti.
Du paysage microscopique à l’abstraction géométrique, l’artiste joue sur la variation focale comme il revisite les strates de l’histoire de l’art.
A plomb #2 me fait de l’œil depuis mon arrivée.
S’affichant comme une peinture libérée des contraintes arbitraires de son cadre, cette sculpture murale se distancie des fondements historiques de l’abstraction par sa mise en œuvre. Une solution de libertinage géométrique s’offre aux matériaux minutieusement sélectionnés. Ils se superposent, confrontant les caractéristiques physiques propres à chacun : forme, taille, poids, couleur, sont alors garants de la stabilité de l’ensemble, autour d’une vis solitaire dont l’unique fonction est d’assumer l’accroche verticale de la composition en équilibre.

Changement de cap, changement d’échelle : Qui peut le plus… #2 constituera le dernier chapitre de mon épopée miniature. Ville utopique désertée, ruines d’une civilisation antique ? Ce fragile micro-paysage qui semble tenir en suspension, ouvre la voie à de multiples narrations analogues, vécues ou rêvées.
Patience, minutie, précision. Peu de jours avant l’ouverture de l’exposition, la galerie RDV semblait être en chantier. Pierre-Yves a su développer le lieu nous proposant un nouvel espace temps, toujours en équilibre instable.

Hélène Chéguillaume

Hélène Chéguillaume

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¹ Pierre Yves Hélou, février 2014

² Idem

³ Idem

Douce errance, Pierre Yves Hélou

Derniers jours pour découvrir l’expérience géométrique proposée par l’artiste plasticien Pierre Yves Hélou à la galerie RDV de Nantes.

« Si le réel est, ce contre quoi l’on se cogne, il est aussi ce contre quoi l’on doit se cogner, ce que l’on taille, découpe […] reproduit, agrandit, modifie. »[1]

Pierre-Yves Hélou nous présente cette version du réel à travers un projet de neuf paysages qui émergent des murs et du sol de la galerie, tels des îlots autour desquels nous évoluons en nous efforçant de ne pas nous y heurter. L’artiste a su créer une sensation d’équilibre précaire si forte que notre errance parmi ses compositions, devient minutieuse et presque périlleuse. Attentif à ce qui l’entoure, Pierre-Yves Hélou fabrique ses propres alliages de matériaux par association. Il se transforme en véritable alchimiste de la construction de sculptures-paysages.

L’artiste connaît bien le réel, il le travaille et le modélise, en le reproduisant par la photographie, en l’agrandissant et en le modifiant par la géométrie, en cassant sa Palissade #2 ou encore en installant un Paravent #3. Il s’est tant cogné à ce réel que des fragments de matières se sont décroché dans l’espace. Pierre-Yves Hélou décide alors de les rassembler à différentes échelles en inversant les repères visuels habituels. Il manipule cette matière brute tel un origamiste et devient ainsi créateur d’espaces uniques. C’est dans cet univers pragmatique que de nouveaux horizons se fabriquent et apparaissent dans la galerie.

 

Douce errance, l’équilibre des matières ou les nouveaux paysages

Les réalisations de l’artiste rappellent les panoramas urbains des grandes villes d’où s’élèvent les buildings, mais aussi les chaînes de pics montagneux. Pierre-Yves Hélou devient sculpteur d’espaces, de paysages accidentés, d’équilibres géométriques et de façades composées. Il semble fixer sa propre logique d’assemblage par l’équilibre en utilisant des matériaux de base usités lors du montage d’exposition. Il révolutionne la place des éléments de construction qui se délestent de leur fonction de cimaise, cloison, caisson, socle ou cadre, le temps d’une exposition.  

L’artiste propose une esthétique inspirée des moments de constructions, lieux de transformations par excellence, espaces entre-deux et interstices parfaits où se glisse la forme artistique. Il travaille le chantier dans sa nature géométrique pure,  vidé de ses ouvriers, de ses bruits, de ses odeurs et ses sensations poussiéreuses. Pierre-Yves Hélou présente ce work in progress, cette phase de transition, comme une finalité. Enfin un chantier « ouvert au public » !

Les matériaux sont récoltés, superposés ; ils se côtoient et cohabitent pour façonner des compositions où la matière reste vierge de toute  transformation par les enduits, peintures et colles. L’artiste semble porter une attention particulière à chaque élément qu’il utilise et il nous fait partager cette proximité dans l’exposition, Douce errance.

Au fur et à mesure des accumulations de matière de Pierre-Yves Hélou une sédimentation géométrique apparaît. Les images d’une archéologie et les strates des étapes de création sont mises à nue. Nous parcourons les compositions de l’artiste à la recherche d’histoires dissimulées dans les éléments. Les rescapés des constructions sont délicatement sacralisés dans l’espace et deviennent des personnages de l’histoire de Pierre-Yves Hélou. Il nous la raconte visuellement et à travers les titres qu’il donne à ses œuvres. L’artiste nous livre une aventure d’escalade. À chaque étape de cette Douce errance, nous pouvons nous arrêter pour contempler les paysages. Nous partageons l’Ascension #10 de l’artiste, les instants de Répit où il doit reprendre de l’À plomb #2 et les moments d’encouragement personnel, Qui peut le plus….#2. Pierre-Yves Hélou gravit sa montagne en se heurtant à certains obstacles, se demandant, Mais qu’est-ce que ça fout là ?

Il nous propose un nouveau regard, un panorama insolite, sur la perception des paysages contemporains. De nouveaux horizons s’offrent à nous, prenons alors le temps de la contemplation jusqu’à l’évasion.

 

Léo Bioret

Léo Bioret

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¹ Anne Bonnin, « La matière du possible », in Zero deux, 2009

Photosculpture
Gravir les chutes

pierreyves.helou@gmail.com
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Galerie Olivier Meyer
104 rue Paul Bellamy
44000 Nantes, France
Tél. : 09 82 61 78 25
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Galerie RDV
16 Allée du Commandant Charcot
44000 Nantes, France
Tél. : 02 40 69 62 35
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