Un texte de Frédéric Emprou écrit à l'occasion de l'exposition
Le Tombeau d’Archimède au
Grand Café, centre d’art contemporain à Saint-Nazaire. Exposition du 8 octobre au 31 décembre 2011
.
Zarka, la perspective du spot*
*« …dénomination spatiale pour désigner le point de rivage comme l'espace propice à une révélation
réciproque d'un procédé actif. » ¹
De sa série emblématique
Les Formes du repos que l’artiste commence d’entreprendre en 2001, corpus de clichés d’édifices vestiges pris dans des friches industrielles, ou de son regard porté sur la pratique du skateboard, par le biais du documentaire et de l’anthropologie impromptue, les intérêts de Raphaël Zarka se sont toujours portés quant aux différentes métamorphoses du fait sculptural ainsi notamme...
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Un texte de Frédéric Emprou écrit à l'occasion de l'exposition Le Tombeau d’Archimède au Grand Café, centre d’art contemporain à Saint-Nazaire. Exposition du 8 octobre au 31 décembre 2011.
Zarka, la perspective du spot*
*« …dénomination spatiale pour désigner le point de rivage comme l'espace propice à une révélation
réciproque d'un procédé actif. » ¹
De sa série emblématique Les Formes du repos que l’artiste commence d’entreprendre en 2001, corpus de clichés d’édifices vestiges pris dans des friches industrielles, ou de son regard porté sur la pratique du skateboard, par le biais du documentaire et de l’anthropologie impromptue, les intérêts de Raphaël Zarka se sont toujours portés quant aux différentes métamorphoses du fait sculptural ainsi notamment que leur liens avec la topographie urbaine. Zone de glissements entre l’art, les sciences et les mathématiques, ce répertoire diffus tel un mode de reconnaissance de formes n’a eu de cesse depuis de manier le prélèvement et le montage, les connections, l’attitude du regardeur et du collectionneur.
Avec Le tombeau d’Archimède, Raphaël Zarka présentait au Grand Café un nouveau point d’accroche dans cette investigation brassant indices historiques ainsi que classifications formelles, sur une tonalité ouverte, distillant les possibles et les combinatoires à la mesure du cabinet de curiosité. Composée de deux grands ensembles d’œuvres Les Prismatiques et Les Reconstructions, l’exposition décrit une entreprise où les allusions, les répliques et les reproductions s’imbriquent à la façon d’une brèche facétieuse dans l’histoire de la représentation, comme il s’agirait de full pipe, de loop, de cross over ou d’autres figures.
Constituées de résurgences et de va et vient entre des époques, à l’aune de la boucle généralisée, les productions de Raphaël Zarka réinjectent un mouvement spéculatif, de la même qu’ils déploient des espaces temps, d’une manière spiralée et non autoritaire. Focale têtue créant les collusions entre les références épistémologiques et le contexte de la Renaissance, la sculpture Forme à clé peut contenir dans son intitulé les potentialités, le geste et la matrice de l’exposition, ses démultiplications, analogies et déploiements.
Entre décors utopiques et miniatures de mobilier, Les Reconstructions inspirés de tableaux italiens du XVème siècle rappellent des volumes constructivistes des années 30 conçus dans du bois de coffrage. Au sein des Prismatiques, le polyèdre, leitmotiv modulaire taillé dans des poutres de chêne, se décline selon des assemblages les références à Carl André ou Tony Smith. Artefacts hybrides, interprétations interlopes, agencement et jeu avec les matériaux, la cheminée anglaise aux vis torsadées conforte cette image héliotrope de curiosité baroque de brique.
De la culture pop aux emprunts à la géométrie euclidienne, de Dürer à Archimède, des planches de perspectives à la sculpture minimale des années 60, Raphaël Zarka tisse un réseau à la fois fictionnel, une érudition concrète ainsi qu’une lecture savante et joueuse, sur laquelle il surfe au de là du goût formaliste et de la citation seule.
Comme s’il s’agissait d’un certain « gai savoir visuel » pour reprendre la formule que Didi-Huberman emprunte à Goethe, de la même que cet atlas hétéroclite de récurrences pourrait s’approcher d’une archéologie fragmentée de la sculpture.
En écho à l’exposition, exergue de son dernier ouvrage Free ride, skateboard, mécanique galiléenne et formes simples la traduction choisie et revendiquée par Raphaël Zarka de la citation d’Emerson résonne d’une manière programmatique : « Nous sommes entourés de surfaces et le véritable art de vivre c’est bien de les skater ». Cool et précis sur les bords, dégagé dans la trajectoire.
¹ Article wikipédia.
Vient de paraître : Free ride, skateboard, mécanique galiléenne et formes simples, Raphaël Zarka,
éditions B42, Paris, 2011.